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« Mesdames, Messieurs, bonsoir. Voici l’instrument de musique le plus simple au monde. Le monocorde. Voyez ! Une seule corde tendue et une caisse de résonance pour en amplifier la sonorité… »

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Les anciens avaient remarqué que le pincement d’un monocorde sonnait agréablement avec la tonalité produite par un instrument réduit de moitié. Ils avaient inventé l’octave.

Xavier Pépillou ou l’art du Quinntou

Extrait de la conférence donnée le 25 mars de l'année 2000

Monocorde  quinntou Pépillou
Dan bau quinntou Pépillou
Accord de Pythagore quinntou Pépillou
Accord de Pythagore quinntou Pépillou
Quinte quinntou Pépillou
Violon quinte quinntou Pépillou
Cycle des quintes quinntou Pépillou

En effet, si la modulation émise par le plus grand s’appellait do, celle du demi-monocorde était aussi un do, à l’octave supérieur. Lorsque, grâce à la théorie des ondes, on put associer les tonalités à des fréquences d’ondulations, on constata que le do du second instrument avait une fréquence double du premier. En décidant qu’un son de 128 hertz de fréquence s’appelle do, ceux de 256 puis 512 hertz seraient aussi des do, plus aigus ; tous ces do formaient une parfaite harmonie.

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Par la suite, les musiciens antiques perçurent une consonance plus subtile, celle produite par le son du monocorde avec un instrument du tiers de sa longueur. On retrouve souvent cet accord dans la nature, par exemple dans le bourdonnement de deux abeilles d’une même ruche. Ainsi, les 128 hertz du do initial s’appariaient finement avec les 128 x 3 = 364 hertz du second que l’on appela sol. Ce sol s’accordant bien avec un de 364 x 3 hertz de fréquence.

Pythagore se basa sur ces harmonies naturelles déjà développées par les Babyloniens pour créer la gamme chromatique. Croyant dans l’universalité des chiffres, il définit les notes en les calculant successivement par un rapport de deux tiers. Nous avons vu que si l’instrument crée un do de 128 hertz de fréquence, un monocorde trois fois plus petit donne un sol vibrant à 384 hertz. Par le principe de l’octave, un monocorde double du petit (deux tiers du premier donc) forme aussi un sol. Ainsi un son de 192 hertz (3/2 de 128) forme un sol. De la même manière, Pythagore définit le résonnant à 3/2 x 192 = 288 hertz, puis le la à 432 hertz, le mi à 648 hertz… Et de proche en proche, il calcula les sept notes de la gamme, et leurs altérations dièse ou bémol, pour retomber presque précisément sur le do.

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Reprenons les cinq notes calculées cycliquement par le mathématicien grec : do (128 Hz), sol (192 Hz), (288 Hz), la (432 Hz) et mi (648 Hz), chacune ayant une fréquence trois demis fois plus grandes que celle qui précède. On dit aussi que chacune est accordée à la quinte de la précédente car cinq tons ou demi-tons les séparent. Les deux do de l’octave initiale avaient une fréquence de 128 et 256 hertz. Afin de situer les sol, , la, mi sur cette octave, il fallut ramener leur fréquence (en divisant par une puissance de 2) à l’intervalle [128 256].

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Par exemple, le a une fréquence de 288 hertz mais aussi de 288/2 = 144 hertz. On ordonna ainsi sur la gamme les fréquences du do (128 Hz), (144 Hz), mi (162 Hz), sol (192 Hz), la (216 Hz) et do (256 Hz). Pour s’assurer de la symphonie de ces tonalités, toutes à la quinte l’une de l’autre, il fallut créer des monocordes de proportions différentes.

L’inventeur du violon conserva ce principe en tendant chacune des quatre cordes afin qu’elle consone à la quinte de la précédente. Accordé respectivement au sol, ré, la, mi, du plus grave au plus aigu, chaque son a une fréquence trois demis fois plus grandes que son prédécesseur.

Et quel rapport avec la poésie ?

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Enceinte, maman n’écoutait que du Vivaldi. Ainsi, bien avant le français, ma langue maternelle avait été le violon. Me basant sur l’équilibre euphonique de ces tonalités, j’imaginai un style poétique dont la fréquence des pieds, des mots ou des caractères correspondrait parfaitement à celle des cordes de l’instrument. Si le premier vers contient 8 pieds, le second s’adaptera à la quinte avec 3/2 x 8 = 12 pieds, le troisième 18 pieds, le dernier 27 pieds. Le premier vers est la base de l’ensemble et impose les quatre rimes identiques ainsi que le rythme harmonique. Je dénommai cette versification Quinntou pour lui donner un petit air troubadour et l’écrivis avec deux n pour forcer la francophonie à le prononcer à la gasconne.

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Dans le milieu de la poésie et même auprès des enseignants, mes Quinntous furent reconnus et fort appréciés. Et d’autres auteurs en écrivirent de fort beaux.

quinntou poésie Pépillou

Quinntou des Quatre Quintes (QQQ)

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Noble et profond, gémit le sol,

Corde de , la vibration exalte, affole

La troisième est le la ; le son libère l’espace, l’illumine puis s’envole

La dernière est accordée au mi, extraverti et frivole; brillante mélodie, m’ensorcèle, batifole

8 pieds

12 pieds

18 pieds

27 pieds

quinntou

quinntou

Avis de Philippe Costa, poète et membre de la société des gens de lettres

Philippe Costa quinntou

Transgresser les règles du quinntou ou de l'haïku est contre-productif : « Ces contraintes présentent un immense intérêt pour la créativité elle-même. Pourquoi ? Parce que la contrainte pousse à chercher des solutions pour pouvoir s’y conformer et que face à l’impossibilité de trouver des solutions littéraires conventionnelles, on doit souvent avoir recours à d’autres qui ne le sont pas […]. C’est donc précisément en cela que la contrainte pousse à la créativité, à l’innovation littéraire, à trouver des formes réellement poétiques. Paradoxalement : se conformer à la contrainte mène à l’innovation littéraire ; et la contrainte engendre la plus grande liberté de langage. Et plus elle est sévère, plus elle est créatrice. On aurait tort de s’en priver.

 

Ceci est d'ailleurs vrai pour toutes les contraintes poétiques, loi comprise depuis longtemps par les symbolistes.

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